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Synthèse du recensement des enfants de la rue de Kinshasa

synthese En collaboration avec REEJER  (Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue), Jeunes au Soleil à établit la synthèse du recensement des jeunes abandonnés vivant dans les rues de Kinshasa

1. Introduction générale 

L’histoire nous enseigne que dans toute société, qu’elle soit traditionnelle ou moderne, les communautés se sont toujours occupées de l’encadrement de leurs enfants dans le cadre de la socialisation consistant à aider les plus petits à s’adapter au mode de vie de la société.

Actuellement à Kinshasa, les parents éprouvent d’énormes difficultés pour donner des réponses satisfaisantes à cette préoccupation.

Ils se trouvent donc limités et désarmés face à la modicité des ressources nécessaires pouvant combler les besoins sociaux dans la prise en charge de leurs enfants. Les multiples contraintes et pressions sociales engendrent des blocages qui ne facilitent pas cette insertion. C’est donc là l’une des voies qui donnent naissance aux situations de marginalisation de certaines personnes.

D’où l’émergence des zones de marginalité où se développe le phénomène « enfants et jeunes de la rue » qui, de plus en plus, prend des allures insaisissables et inquiétantes au Congo en général et en particulier dans la ville de Kinshasa.

Si ce phénomène a des origines lointaines, la terminologie « enfant de la rue » est plutôt récente. En effet, c’est au milieu des années 1980 que le terme est apparu. En Afrique, ce terme a pris son sens au Forum d’Abidjan (Côte d’Ivoire), tenu du 25 Février au 2 Mars 1985, où plusieurs pays se sont retrouvés pour faire l’état des lieux de cette situation sociale qu’est la présence de plus en plus nombreuse des enfants dans les rues des villes africaines. Dès lors, tout enfant errant les rues et y habitant était appelé « enfant de la rue ».

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La monographie provinciale de la Ville de Kinshasa, élaborée dans le cadre du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté DSRP (avril 2005), aborde ce problème et catégorise les personnes vivant dans la rue de la manière suivante:

–         Les enfants abandonnés ; 

–         Les enfants orphelins d’un ou deux parents ; 

–         Les enfants dits sorciers ; 

–         Les enfants déplacés de guerre et non accompagnés ; 

–        Les jeunes adultes «shegués» parmi lesquels figurent de nombreux voleurs ; 

–         Les enfants « shegués» issus des unions des jeunes adultes shegués. 

On estime à 25.000 le nombre des enfants de la rue dans la Ville de Kinshasa. La présence de ces enfants le long des grandes artères, sur les grandes places publiques devant les magasins, dans les marchés est mal vécue par la population qui paye quotidiennement les frais des comportements négatifs de ces derniers.

2. Contexte et justification    

Contexte

Kinshasa est une grande ville d’environ 7,5 millions d’habitants. La population est en majorité jeune et les enfants de moins de 18 ans représentent 58% des habitants de Kinshasa. Cependant, le dernier recensement de la population au niveau nationale remonte en 1984. Les indicateurs sur le niveau de la vie nationale souffrent d’un manque de statistique exhaustive, de donnée fiable qui doivent permettre une planification des interventions spécifiques dans plusieurs domaines.

Les enfants qui vivent et travaillent dans les rues de Kinshasa, sont dépourvus de l’accès aux services sociaux de base et de la protection de leurs parents.

Ces enfants constituent un phénomène relativement récent en RDC, comme dans nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Les acteurs congolais et internationaux qui luttent pour la protection des enfants affirment qu’avant les années 1970, la RDC comptait peu d’enfants vivant en permanence dans la rue. Ceux qui vagabondaient ou avaient des problèmes avec la loi étaient blâmés et remis aux parents, ou, dans les cas les plus graves, étaient rapidement déférés aux instances compétentes notamment les Etablissements de Garde et d’Education des Enfants (EGEE) afin de préparer leur réinsertion familiale.

Au cours de ces vingt dernières années, de nombreux facteurs socio–économiques associés ont contribué à l’explosion du nombre d’Enfants de la Rue.

Ils vivent une situation précaire caractérisée notamment par l’insécurité et l’exclusion sociale totale. Ils ne jouissent pas de leurs droits, et par conséquent n’ont pas accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’alimentation… Ils sont victimes de violence, tant les garçons que les filles, et sont confrontés au risque d’exploitation économique. Les bandits et les gangs usent et abusent de ces enfants. Les filles sont particulièrement exposées aux viols et aux agressions sexuelles.

Pire encore, ces enfants sont utilisés dans diverses combines et aussi comme appas dans des coups montés où ils reçoivent des butins. Afin de résoudre des problèmes de survie qui se posent durant leur vie dans la rue, ils se livrent à des vols, à des pillages ; d’autres travaillent loyalement pour gagner leur pain quotidien …

Justification  

Le phénomène « Enfant de la rue » représente un fléau réel et menace la Ville de Kinshasa. C’est ainsi qu’afin de mieux lutter contre sa recrudescence, il faut disposer des informations fiables à ce sujet. Etant donné que les indicateurs existants ne donnent pas satisfaction, il est d’une nécessité certaine d’organiser un recensement exhaustif des enfants vivant dans les rues de Kinshasa.

Les données statistiques issues de ce recensement permettront de répondre à plusieurs préoccupations des opérateurs sociaux, décideurs politiques, bailleurs de fonds… En effet, elles fourniront les informations précises sur la situation des enfants de la rue de la ville de Kinshasa ainsi que les moyens d’actions à mettre en œuvre pour la planification des interventions en leur faveur.

3.Objectifs

 

a. Objectif global  

Au bout de 60 jours, arriver à dénombrer les enfants de la rue, âgés de 0 à 18 ans, vivants et travaillant dans les rues de Kinshasa, en vue de faciliter le travail de planification stratégique de leur réinsertion familiale et/ou communautaire.

 

b. Objectifs spécifiques  

–     Arriver à identifier et renforcer les capacités des acteurs devant être impliqués dans le processus du dénombrement des enfants en rupture familiale, vivant et travaillant dans la rue ;

–     Arriver à identifier, avec les acteurs formés, les différents sites où vivent les enfants de la rue en vue d’établir la localisation géographique ou la cartographie des différents endroits où vivent les enfants en rupture familiale ;

–       Arriver à s’entretenir avec les enfants vivant dans les différents sites préalablement identifiés en vue de récolter les informations nécessaires qui feront l’objet de traitement, d’analyse et d’exploitation ;

–        Arriver à traiter, analyser et exploiter les informations reçues ; élaborer le rapport scientifique et présenter les résultats du dénombrement ;

–        Etablir les communes de provenance des Enfants de la Rue.

c. Résultats attendus

 

Les principaux résultats attendus sont :

–       Connaître le nombre et la catégorie des Enfants de la Rue à Kinshasa ;

–        Identifier les sites des Enfants de la Rue à Kinshasa;

–        Connaître le nombre des Enfants de la Rue qui ont rechuté ;

–        Sensibiliser les Enfants de la Rue aux IST/VIH Sida ;

–        Permettre l’accès pour les Enfants de la Rue aux services sociaux ;

–       Connaître le nombre de Filles de la Rue  qui sont mères.

Ces résultats pourront être mesurés à travers les indicateurs suivants :

–        Le nombre de sites à milieu ouvert,

–        Le nombre de centres d’hébergement,

–       La cartographie des sites identifiés.

Les indicateurs sur les enfants de la rue :

 

–      Nombre et pourcentage d’enfants vivant en milieu ouvert,

 –     Nombre et pourcentage d’enfants vivant en institutions (centres  d’hébergemennt),

–      Pourcentage des filles en rupture familiale,

–      Nombre et pourcentage d’enfants orphelins en rupture familiale,

–      Nombre d’enfants présentant des signes manifestes de malnutrition,

–      Nombre d’enfants sensibilisés sur les IST et VIH/SIDA et pourcentage de ceux ayant été dépistés volontairement,

–     Nombre d’enfants ayant rechutés après une réunification préalable,

–    Nombre d’enfants ayant déjà été appréhendés par la police ou les services de sécurités,

–    Nombre d’enfants ayant accès à la scolarisation,

–    Nombre d’enfants ayant accès à l’apprentissage professionnel,

–   Nombre d’enfants ayant accès aux soins de santé,

–    Nombre d’enfants désirant quitter la vie de la rue,

–   Nombre et pourcentage d’enfants ayant fréquenté une ou plusieurs fois une institution d’encadrement,

–   Nombre d’enfants nés et vivant dans la rue,

–   Nombre d’enfants de la rue étrangers,

–   Le taux de participation des enfants à la prise de décision qui les concernent.

4. Cadre institutionnel et présentation du REEJER  

La coordination des activités du recensement des enfants de la rue de la Ville Province de Kinshasa a été assurée par le Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue, (REEJER), qui a bénéficié de l’appui financier et logistique de l’UNICEF.  

En effet, le REEJER est une plateforme des Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui œuvrent pour l’accompagnement, la prévention, la protection, la promotion des droits de et la réinsertion socio-économique des enfants et jeunes de la rue.

Créé en 1998 par les Associations et Organisations Non Gouvernementales d’accompagnement des enfants et jeunes de la rue, le REEJER est né à l’issue d’un symposium international organisé par l’Œuvre de Reclassement et de Protection des Enfants de la Rue, (ORPER), de Kinshasa en partenariat avec AUTEUIL INTERNATIONAL basé en France.

 

 

Pour toute autre information, contactez :

la Coordination Générale du REEJER

Siège social : 1967 avenue de l’Enseignement

Quartier Lodja dans la Commune de Kasa-Vubu.

Email : reejer_cg@yahoo.fr

Téléphone : 0999946653

Le nombre croissant d’enfants de la rue et la dégradation progressive et inquiétante de l’environnement social, culturel, économique et politique d’une part, l’incapacité des structures d’encadrement existantes de faire face au phénomène Enfants et Jeunes de la Rue, enfants dits « sorciers » d’autre part, a motivé la création de ce réseau.

A ce phénomène s’ajoute actuellement celui d’encadrement des enfants associés aux groupes et forces armés.