Janvier 2017
A Kinshasa, l’année a commencé avec un accord signé entre l’opposition et la mouvance présidentielle pour arriver paisiblement à des élections présidentielles en décembre 2017. En effet, le 19 et 20 décembre il y eu encore quelques désordres avec de nombreuses arrestations dans la ville et principalement dans les quartiers populaires (notamment dans notre rue). Depuis, la mise en œuvre des accords est encore plus complexe que leur signature !
Fin décembre, chez les filles, il y eut trois intrusions en pleine nuit de bandits du quartier qui ont tenté de voler mais surtout ont menacé les enfants. Heureusement nos quelques grands garçons présents pour la circonstance ont protégé les filles.
Nous avons alors décidé de rehausser le mur de clôture de cette parcelle, mais surtout d’inverser les groupes d’enfants. Les filles sont désormais hébergées dans la maison des garçons (Jeanne-Thérèse), située dans un quartier plus résidentiel. Les garçons sont dans l’autre maison (L’Arche).
La Fondation d’Auteuil et ses partenaires préfinancent un projet à partir de ce mois de janvier. Le projet « Canada » a finalement été accepté et devrait commencer au cours du 2ème trimestre 2017 si tout va bien. Le réseau à Kinshasa, fait des boules de neige jusqu’en France, en Europe et abonde les fonds propres…
Mai 2017
Tout-à-fait fin janvier, nous avons décidé de faire appel à un jeune homme que nous avions connu à « Save The Children » (Association d’aide humanitaire), lorsque cette organisation nous apportait un soutien financier complémentaire en 2014.
Il a longtemps travaillé pour une autre association de la place qui s’occupe des enfants de la rue, puis il a été embauché par l’ONG Internationale Save où il a œuvré presque trois ans. Fin décembre, il n’avait plus de contrat et il a choisi de venir mettre ses compétences au service de l’association Jeunes au Soleil. Depuis, c’est une grande aide pour l’organisation administrative, la gestion et la formation de l’équipe éducative, le suivi des enfants (scolarité, enquêtes, réunifications…), l’écriture de projet.
Avec un membre du conseil d’administration de Kinshasa, nous avons commencé à construire le « programme » Jeunes au Soleil et écrire des éléments pertinents qui pourront à terme présenter l’association, ses objectifs, son travail, son budget et le tout à faire valoir aux amis, partenaires, financeurs locaux et internationaux.
Le projet tant attendu « Canada » semble finalement se mettre en place. Des réunions de réorganisation du projet se réalisent en ce moment. En espérant que nous aurons toujours un budget conséquent pour la prise en charge des enfants et qu’il sera libéré rapidement. En attendant nous avons réfléchi pour accentuer la recherche de fonds notamment sur Kinshasa. Mais ici les temps sont durs, les affaires ne marchent plus, les sociétés débauchent et font faillites. Beaucoup d’européens sont au chômage, d’autres installés depuis deux générations pensent quitter la RDC. Le contexte politique tétanise tout, il n’y a pas d’horizon à moyen terme qui donnerait confiance pour des investissements et la relance économique.
Heureusement nous avons quelques aides très ponctuelles de la part de différents groupes, notamment ecclésiaux, ou de particuliers qui vont apporter un sac de riz ou de sucre, des habits ou des babouches…
En plus de vouloir toucher quelques entreprises locales, Richard a fait cette année de nouveau un déplacement vers la France (Marseille, Château des Vaux, Paris, Domont, Luzarches…) pour mobiliser notre réseau. Il a été sollicité notamment par quelques structures de la Fondation d’Auteuil pour parler aux jeunes, mais aussi aux adultes : une approche interculturelle dans un cadre éducatif. Comment donner un sens à sa vie, quel que soit nos souffrances et nos pauvretés matérielles… Ces presque trois semaines ont été riches en rencontres et projets de toutes sortes.
Par ailleurs, le Ministre des Affaires Sociales a confié à Richard la charge de mettre en place une plate-forme qui soit un cadre de référence entre les ONG locales, les ONG internationales et les Ministère des Affaires Sociales en vue de permettre un regard conjoint sur la prise en charge des personnes vulnérables. Il y a une déjà une adhésion d’une quarantaine d’associations.
Septembre 2017
La réalité kinoise nous rattrape vite avec l’ambiance socio-politique très morose… les gens sont interpellés par des services de sécurité dans les rues, le chômage bat son plein et les enfants sont de plus en plus nombreux dans la rue. Les enseignants et les médecins sont en grève. Des gens meurent dans des hôpitaux par manque de soins parce qu’ils n’ont pas d’argent.
Pour Jeunes au Soleil, les temps sont un peu durs, le tuilage entre projets ne se fait pas bien et nous avons en ce moment une période de trou financier. La mise en œuvre du projet « Canada » est très lente, nous sommes toujours en attente des fonds et du commencement des activités.
Avec les congés (des européens) de juillet et août les contacts pour sponsoring sont restés en suspens, mais nous avons confiance car d’autres portes, non attendues, ont l’air de s’ouvrir depuis deux ou trois jours :
- un bon contact avec un commerce en alimentation qui pourrait faire des dons de nourriture,
- des donateurs particuliers
- un salon sur l’enfant et la famille où nous sommes invités à exposer
Pas plus tard que le 13 septembre un monsieur est venu déposer dans les deux centres des cartons de poulets, du maïs, de l’huile, du sucre… Alors que l’éducatrice lui demandait son nom pour garder une trace (au moins administrative) de son passage il a répondu : « je suis le bon samaritain » !
D’où vient ce monsieur ? Comment nous connait-il ? Cela nous réconforte : la providence se manifeste !
De plus un médecin français a décidé de nous aider pour les médicaments. Un grand soulagement !!
D’autre part nous sommes mobilisés par deux projets qui intéressent certains amis et partenaires comme le projet agricole à Kinzono et le projet d’apprentissage en esthétique.
Nous allons aussi continuer de mobiliser le petit conseil d’administration à Kinshasa et organiser avant la fin 2017 une assemblée générale.
Décembre 2017
Ces derniers mois de l’année 2017 sont un peu tendus pour Jeunes au Soleil, mais en même temps avec de belles perspectives.
En effet, financièrement nous avons tenu grâce à Apprentis d’Auteuil qui a préfinancé toute l’année le projet en attente de validation par l’AFD (Agence Française pour le Développement). Les amis de JOS Paris ont pu aussi nous envoyer un complément pour la fin d’année ce qui nous permet d’assurer quelques activités même en serrant les dépenses. Enfin un commerce en alimentation qui a commencé à nous faire des dons en produits « vivres frais », le Rotary club de Kinshasa qui poursuit son apport, une famille qui fait un virement mensuel : toutes ces petites touches qui nous rassurent pour la fin 2017.
Nous avons alors commencé notre campagne de recherche de financement pour 2018 :
- Pour cela nous avons écrit un beau courrier pour remettre aux amis et connaissances qui intéresseraient leur entreprise ou autres.
- Nous avons préparé une pièce de théâtre avec les enfants du centre, « la mort de Jimmy » qui parle de leur vie et souffrance dans la rue. Elle a été jouée le 18 novembre à l’occasion de la Journée Internationale des Droits de l’Enfant. Les spectateurs venus regardés ont été admiratifs de la pièce et du message qu’elle véhicule. Dès le lendemain des retombées positives ont eu lieu.
- En organisant une assemblée générale ouverte à tout un chacun. Déjà le Rotary Club de Kinshasa se mobilise pour refaire les sanitaires des filles, pour rechercher des fonds et financer la formation professionnelle de certains jeunes.
- Richard et Marie-Ange sont invités à différents colloques ou soirées pour rencontrer des personnalités importantes de Kinshasa et faire connaitre le projet Jeunes au Soleil.
Par ailleurs, Richard et deux membres du conseil d’administration à Kinshasa se sont rendus à Kinzono, village sur le plateau Bateke où Jeunes au Soleil avait investi 80 hectares. Même après plusieurs années l’accueil a été chaleureux par les villageois et le terrain n’attend plus qu’à être exploité. Nous commençons alors à formaliser et réécrire le projet agricole déjà pensé. Un premier financement est à notre disposition et les amis de Marseille se sont mobilisés pour organiser un concert au profit de ce projet : merci à la paroisse de Saint Barnabé, le groupe Foi et Solidarité et au musicien Vincent Beer Demander.
Nous finissons aussi de travailler sur le projet d’école en esthétique pour les filles du centre et d’autres jeunes filles vulnérables. Nous avons un ami en France qui serait prêt à le financer.
Enfin le projet « Canada » tant attendu depuis deux ans débute ce mois de décembre par l’arrivée au REEJER d’un chargé de projet recruté par Médecins du Monde Belgique. Les trois premiers mois seront pour mettre au point les activités, les outils de pilotage, faire un ajustement financier et en mars les activités débuteraient pour une durée de quarante-cinq mois.
Après quatre années à Kinshasa, nous nous sentons maintenant bien imprégnés dans le pays et les liens que nous avons créé avec des personnes, institutions et organisations prennent des tournures intéressantes pour l’association. Cela va prendre davantage d’ampleur et les aides ou apports divers vont s’étoffer. Déjà notre proposition budgétaire 2018 va dans le sens de ce défi de trouver 46% des besoins à Kinshasa (dons divers, sponsors d’entreprises, financement de bailleurs de fonds).
Sur la question de la vie socio-politique en RDC, c’est la troisième année consécutive qu’il est prévu des troubles pour le mois de décembre. En effet la CENI (Commission Electorale Nationale Indépendante) a sorti un calendrier électoral qui reporte les élections à décembre 2018. L’opposition n’est pas d’accord et invite la population à manifester. La tension reste latente et le lendemain incertain.
Rendez-vous à l’assemblée générale !