Les conséquences sociales et individuelles du phénomène

Le phénomène des Enfants de la Rue engendre de nombreuses conséquences.

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Conséquences individuelles
Comme l’enfant arrive très jeune dans la rue, il y grandit et devient analphabète. Cela crée en lui un complexe d’infériorité devant les autres jeunes ou toute personne instruite.

Les attitudes souvent négatives adoptées à leur égard les poussent à conclure qu’ils ne sont pas aimés. Ils ont de ce fait un seuil de tolérance très réduit. Pour ces enfants, le temps de réaction est plus court que le temps de réflexion c’est pour cela qu’ils apparaissent très agressifs. A toute situation malencontreuse correspond une répression sans hésitation.

La plus grande préoccupation dans la rue est de trouver la nourriture quotidienne. « tokobomana likolo ya ngamana » soit « nous allons nous entretuer pour la nourriture ».

D’une maison à la rue, il y a tout un bouleversement des habitudes. Se penchant sur la théorie freudienne, tel que nous la relatent Catherine Tourette et Michèle Guidetti, « l’individu est façonné par ses expériences personnelles et les relations interpersonnelles qu’il a développé, en particulier pendant l’enfance, période de construction psychique intense ».

Ces jeunes sont livrés à eux mêmes et vivent des expériences fortes sur la drogue, la sexualité etc. Beaucoup d’entre eux sont appelés chaque jour à réalisé des actes contraires à leur conscience pour une raison de survie. Ils doivent constamment renier l’image intérieure de l’enfant, pour agir avec violence quant il le faut.

Et si un jour il est recueillit dans un foyer ?

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s la garde d’un enfant préalablement payé. Les filles-mères, leurs mamans, vont aller se livrer de nouveau à la prostitution

De la maison à la rue, de la rue au foyer, il y a plus ou moins trois cultures qui doivent normalement s’affronter dans leur psychisme d’une manière inconsciente. N’avons-nous pas constaté qu’un enfant qui a vécu dans la rue se distingue par son tempérament  fougueux et son temps de réaction plus court que son temps de réflexion?

Devant cette observation, nous ne nous plaçons pas sur la théorie de maturation de A. GESELL: « le développement psychique est, à l’image du développement physique, essentiellement affaire de maturation et d’actualisation du potentiel génétique de l’individu en tant que membre d’une espèce spécifique donnée» (Catherine Tourette et Michèle Guidetti).
Le milieu a donc une grande influence sur le développement d’un être humain. Bien entendu, nous ne rejetons pas l’apport du potentiel génétique sur lequel se reposent toutes les possibilités pour la croissance et développement d’un homme.

Comme le dit Jean ROSTAND (biologiste anglais): « tout homme est seul à être lui-même », tout enfant de la rue constitue donc un cas à part. Pour découvrir l’homme qu’il est réellement, il faut du temps et de la patience.

Conséquences sociales

Les Enfants de la Rue accusent toujours leur famille d’être à la base de leurs difficultés. De ce fait, ils entretiennent une rupture des relations affectives avec leur famille d’origine. Ils adoptent un comportement d’éviction allant jusqu’à renier leurs parents.

La vie dans la rue est caractérisée par l’incertitude du lendemain. Un Enfant de la Rue se pose régulièrement les questions « comment vais-je manger ?  Où vais-je passer la nuit ? ». Seul le présent a une grande importance pour lui. D’où l’impatience et l’impossibilité pour lui de se soumettre à une vie réglementée. Les Enfants de la Rue sont des sujets presque ingouvernables.

Le mode de vie dans la rue se caractérise par la délinquance. Cette dernière est vécue sous toutes ses formes:

L’escroquerie: le but poursuivi par les Enfants de la Rue lors d’un marchandage est d’arriver tout simplement à extorquer de l’argent.

Les grossièretés: les chansons malsaines sont en grand nombre. Ils les exécutent au mépris de la moindre pudeur et mettent les gens mal à l’aise dans des réunions publiques et lors de deuils par exemple.

Le vagabondage : Les Enfants de la Rue n’ont pas de programme fixe. Ils changent de lieu selon leurs intérêts.

La prostitution : O. et G. Owuor, journalistes, cités par Yves Margarat et Daniel Poitou, parlent d’une expérience avec les Filles de la Rue à Naïrobi: « Pendant la journée, on voit très peu de jeunes prostituées traînant dans les rues. Mais les choses changent le soir quand elles déferlent en grand nombre. Il arrive que les hommes accompagnés de leurs épouses se voient accoster par des gamins de douze à quinze ans, qui leur demandent effrontément : Qu’est-ce que tu fais avec cette vielle ».

Cette prostitution occasionne des naissances dans la rue. Sur la place Victoire à Kinshasa, les enfants et les bébés sont étalés par terre le soir sous la garde d’un enfant préalablement payé. Les filles-mères, leurs mamans, vont aller se livrer de nouveau à la prostitution.

Le phénomène des enfants de la rue

enfantrueDéfinition du concept Enfant de la Rue :
Le dictionnaire encyclopédique pour tous (1990) considère comme Enfant et Jeune de la Rue toute fille ou garçon n’ayant pas atteint l’âge adulte et pour qui la rue, au sens large (bâtiment abandonné, terrain, plage etc), est devenue la demeure habituelle et le moyen d’existence. Il n’est ni protégé, ni encadré par des adultes responsables.

Jack Riley, cité par Jacqueline PIRENNE (1989, P.30), devenu expert des Nations Unies, a observé ce phénomène dès 1964 et parle des enfants vagabonds échappant à toute règle familiale, faisant leur vie sur les trottoirs.

J. Pirenne s’interroge sur la probable définition de ce concept en ces termes : l’enfant de la rue ne serait-il pas celui qui a quitté ses parents? « Quitter » au sens intime, psychologique, qui a cessé d’accepter leur confiance et leur autorité.

Les causes du phénomène Enfant de la rue:

Le phénomène Enfant de la Rue n’a pas encore été suffisamment étudié. D’une manière globale, les raisons explicatives de ce phénomène sont regroupées en deux catégories : les causes endogènes et les causes exogènes.

 1. Les causes endogènes

Cette catégorie regroupe les causes qui sont dites internes à l’enfant.

Il s’agit en quelques sortes des dispositions physiques et psychologiques que la personne reçoit par l’hérédité et qui la prédispose à se complaire à vivre tôt ou tard dans la rue.

LOMBROSO et HORTON cités par MUNDAYI NSEKA, qui se retrouvent parmi les tenants de cette opinion, affirment que «les traits physiques fournissent des indices sérieux quant à la mentalité, aux dispositions ». Leurs affirmations sont faites dans le cadre de l’étude des causes du phénomène Enfant de la Rue.

En effet, parmi les indices sérieux dont ils parlent ici, il y a notamment ceux qui sont liés à la mentalité des personnes qui choisissent de vivre dans la rue.

Fort de notre expérience dans ce domaine, nous pouvons appuyer ces déclarations par les exemples suivants:

– Un enfant impulsif est plus facilement disposé à quitter sa famille pour vivre dans la rue. Concrètement, un enfant n’acceptant pas qu’on lui face des remarques, même dans la rue où les jeunes vivent et s’organisent toujours en bande, a du mal à se stabiliser car qu’il n’accepte pas la critique. Il peut alors quitter son groupe pour se joindre à d’autres groupes dès que possible.

– De même, une personne extravertie (bouillante, taquine, écrasante, imposante…), de temps à autre étouffée par les parents, peut finir par se sentir mal à l’aise dans sa famille et choisir d’aller dans la rue où elle peut laisser libre cours à ses passions, ses sentiments…

– Un enfant bien bâti ou robuste avec un esprit d’initiative bien nourri trouverait facilement dans la rue une bande qui imite les exploits de grands acteurs de cinéma. C’est ainsi que dans nos investigations, nous avons trouvé les enfants d’un même quartier transformés en une bande d’ Enfant de la Rue : les enfants de Camp KOKOLO,

Camp LUKA, MAKALA etc.

2. Les causes exogènes

Les causes exogènes sont celles qui sont imputées à toute influence de dehors, c’est-à-dire extérieur à l’enfant lui même. On peut les appeler en d’autres termes les déterminants sociaux du phénomène  » Enfant de la Rue ».

Les partisants de cette thèse soutiennent que seuls les facteurs sociaux sont responsables du phénomène. Parmi les auteurs de ce courant, nous avons Jack Riley cité par PIRENNE, qui s’est penché sur ce phénomène dès 1964 en Ethiopie. Il a pu constater que le revenu familial de près des trois quarts des Enfants de la Rue était compris entre zéro et dix birrs par mois. Il est arrivé à la conclusion que seuls les facteurs socio-économiques exercent une influence sur le pourcentage des enfants qui adoptent cette voie. Dans cette catégorie il y ajoute le divorce des parents, le manque de maturité des parents, la maltraitance, l’échec scolaire, le poids des médias, le modernisme, la dégradation du rôle des aînés etc.

Historique de l’association

Richard

Richard BAMPETA , président de l’association, a travaillé en collaboration avec l‘ORPER (Œuvre de Reclassement et de Protection des Enfants de la Rue), pendant 13 ans à Kinshasa. Il devient ensuite Superviseur Général de l’Oeuvre Sociale de la présidence baptisée « Maison de la Solidarité Congolaise ».

Les faits de guerre et l’assassinat du Président Désiré Kabilla ont raison de l’association et de l’action menée. Après un passage en Angola, Richard retourne à Kinshasa où il devient Commandant de compagnie (capitaine) dans le 5ème bataillon de la Police d’Intervention Rapide (P.I.R).

En 2001, il est arrêté et chassé de sa maison pour plusieurs raisons :
– son action auprès des enfants abandonnés,
– ses fiançailles avec une française de souche
– son appartenance à une ethnie lointaine de celle du nouveau régime.

Il va faire 9 mois de prison, où, ironie du sort, il retrouve les enfants dont il s’était occupé (devenus alors gardiens de prison!). Durant son incarcération, le directeur de l’établissement le nomme responsable du 6ème Pavillon où il est en charge de près de 300 prisonniers.

Un grand nombre d’enfants qu’il côtoyait en prison, souffraient de la faim. Face à ce fléau et après avoir beaucoup prié le Seigneur, Richard comprend sa vocation sociale plutôt qu’un emploi rémunérateur et décide de s’occuper des enfants. Il créé en 2004 « Jeunes au soleil » alors même qu’il était en prison. Relâché , il refuse sa nouvelle affectation et part à Brazzaville, où il obtient l’aide du Consul de France.

Il crée alors, en 2006, un centre d’accueil pour ces enfants en déshérence (dont le nombre est de 25.000 ce jour !). Ce centre permet aux jeunes garçons de faire de petits boulots plutôt que du vol à la tire et aux filles d’échapper à la prostitution qu’elles commencent dès 8 ans ! Cela permet aussi à ces jeunes d’échapper à la drogue, à la misère et à d’autres nombreux fléaux.

Richard comprend qu’il existe plusieurs approches pour s’occuper des jeunes :
–          répressive par l’action de la police (on connait l’échec du Brésil sur ce plan).
–          caritative par des actions d’ONG (méthode nécessitant de gros moyens financiers)
–          participative en sécurisant les enfants d’abord en leur donnant au minimum un petit déjeuner et un travail pour leur apprendre à être indépendant.

Ce procédé correspond aux enfants de la rue, qui est une catégorie difficile à gérer car basée sur le système clanique. En effet, ils sont plus faciles à réinsérer dans la société en les réintroduisant dans leur famille.

Jean-Pierre Malaure/PTM

Arrivés en France, Richard et Marie Ange débloquent 8.000 euros de leurs économies et chargent Gabriel TEISSIER d’une mission au Congo. Deux ans après, plusieurs familles de St Leu la Forêt deviennent sensibles à ce projet. L’une de ces dernières, Geneviève et Jean François FREMONT, organise un dîner avec une jeune fille française (Jeanne Thérèse PONS) qui est sensible à cette cause. Une semaine après son retour du Congo, où elle a soutenue pendant un an les populations pauvres, Jeanne Thérèse décède brusquement. Richard propose alors que la première Maison des Enfants de la Rue de Kinshasa porte le nom de celle qui a vécu les derniers mois de sa vie avec les plus démunis.

La réalisation de ce projet est rendu possible grâce à Valérie et Pierre Beauchais, qui ont su trouver le financement pour l’achat d’une maison, Pierre Charron, Thierry Robin, ainsi que le couple Delagranqe et d’autres amis qui se sont penchés sur les questions juridiques et d’organisation. Un conseil d’Administration est alors constitué. Actuellement, plusieurs personnes et associations se sont rassemblées pour aider les enfants de Kinshasa.

En 2007, les amis de Richard, proches du pouvoir et du président J.D Kibila, proposent d’assurer sa propre sécurité s’il décidait de revenir s’occuper des Enfants de la Rue à Kinshasa. La Fondation Lumumba et le REEJER (Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue) se proposent de lui faire une invitation.

Face à toute la pauvreté et la misère dans le monde, Jeunes au Soleil doit agir avec efficacité en faveur des plus démunis, ceux qui dorment, vivent et demeurent abandonnés dans la rue sans tenir compte de leurs sexes, de leurs races ou de leurs religions. L’Association Jeunes au Soleil croit à la solidarité internationale et à l’amour du prochain. Les membres de l’association sont convaincus que le bonheur est possible pour tous, et invitent tout le monde à se mobiliser pour cette cause en vue de contribuer à la paix dans le monde et à participer aux actions sur la non-violence. L’humanité vivra une ère nouvelle.

Frappés par l’ampleur du phénomène Enfant de la Rue, plusieurs personnes se sont regroupées autour de l’association Jeunes au Soleil et tentent de réaliser des actes de charité au profit de ces enfants laissés pour compte.

Le programme de Jeunes au Soleil consiste en la mise en place des centres d’accueil pour protéger les plus petits du monde de la rue car cette dernière est plus déformatrice que formatrice. En effet, la drogue, le « racket » et la prostitution sont omniprésents. De nombreux enfants se font violer chaque nuit, quelques soient leurs âges et nombreux d’entre eux  se distribuent des maladies sexuellement transmissibles.

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