Rapport d’activités 3ème trimestre 2014

L’association Jeunes au Soleil à Kinshasa continue ses activités en milieu ouvert et en hébergement pour les enfants de la rue de Kinshasa, le changement qui s’est fait et qui perdure est l’ouverture à la mixité. Dans un bref délai il sera nécessaire d’envisager la création d’un centre pour l’accompagnement des filles. En effet, la présence sur un même site des filles et des garçons constitue une difficulté pour un accompagnement psycho-social adéquat.

Une activité importante pour les responsables de l’association est la constitution d’un réseau, permettre son étendu, accroitre le carnet d’adresse local.

Enfin, aujourd’hui l’aspect matériel est un point qui devient crucial.

Les enfants :
Au 30 septembre 2014, nous affichons :
–       Ce trimestre, 22 enfants ont été admis au centre (dont dix filles). Il y a donc 32 enfants hébergés à la Maison Jeanne-Thérèse de 5 à 17 ans dont :

  • 2 étudient la conduite de véhicules dans un centre professionnel à Kingasani
  • 1 étudie le théâtre, la musique à l’Espace Masolo à Masina Sans Fil
  • 2 étudient à l’école primaire Saint Vincent de Paul à N’Djili
  • 4 étudient à l’école primaire Mputu sur l’avenue ACP à Masina
  • 1 étudie au collège Mputu sur l’avenue ACP à Masina
  • 6 sont en cours d’inscritption en formation profesionnelle
  • 16 sont en cours d’alphabétisation, remise à niveau à la Maison Jeanne Thérèse.

–       Depuis juillet peu d’enfants ont été nouvellement contacté dans la rue, en effet l’éducatrice sur terrain était en congé et l’autre éducateur a été réaffecté à la Maison Jeanne-Thérèse. La Maison avait besoin d’un un agent supplémentaire pour la nuit.

–       14 enfants ont été réunifiés ce trimestre, d’autres ont été remis à leur famille par le biais du tribunal.

Les enfants ont pu s’exprimer à travers la présentation de leur pièce de théâtre à trois reprises ce trimestre. L’une d’elle s’est faite sur le terrain municipal de Masina à l’occasion de la journée internationale de l’enfant africain devant un millier de personnes.

Les vingt enfants les plus jeunes ont participé au mois d’août à dix jours de colonie. Ils ont été inscrits à la colonie organisée par une autre association (l’ORPER). Ils étaient ravis de ce temps autre, de détente, de jeux dans un ailleurs.

Depuis ce trimestre, le Tribunal pour Enfants envoie régulièrement des enfants en conflit avec la loi. Il s’agit d’enfants qui ont pu faire un petit délit, ils ont en général moins de 14 ans et le Tribunal ne veut pas les envoyer en prison. Parce que les familles ne sont pas présentes le jour de l’arrestation, l’enfant est placé au centre. Très vite, notre service d’enquête en collaboration avec les assistants sociaux attachés au tribunal, trouve les familles et l’enfant est réunifié.

Ce trimestre le nombre d’enfants réunifié a augmenté, en effet, nous avons accentué le travail du service d’enquête parce que ce travail nous semble très important pour la vie de l’enfant, l’élaboration de son projet personnel et l’accompagnement psycho-éducatif qui se fait.

Tous les enfants hébergés au centre sont orientés vers une formation. En fonction de leur niveau scolaire et de leur âge, certains sont entrés à l’école primaire, d’autres en formation professionnelle. Certains continuent de participer à l’alphabétisation quotidienne au centre. Cette activité demeure aussi pour ceux qui sont nouveaux au centre, le temps de les observer, qu’ils s’acclimatent et de trouver la bonne orientation. Enfin, pour certains dont la réunification est faisable, nous allons l’encourager en proposant aux familles de scolariser l’enfant à partir du domicile.

L’équipe :

L’organigramme interne de la structure a été réorganisé pour permettre plus de professionnalisme et augmenter l’exigence dans la qualité de travail.

Organisation JOS Kin 2014T3

Tout le personnel a un rôle éducatif auprès des enfants et sont éducateurs, mais plusieurs assurent des fonctions particulières comme l’intendance, les enquêtes, la surveillance de nuit.

Le financement de la Banque Mondiale par le biais de Save The Children avait permis d’augmenter le nombre du personnel. Celui-ci prenant fin le 31 octobre, un certain nombre d’entre eux devront quitter leur travail. La présence de deux stagiaires en stage professionnel va permettre à la structure de continuer d’assurer un travail d’accompagnement des enfants hébergés.

Nous signalons aussi que le couple permanent qui logeait au centre a déménagé ce mois de septembre pour acquérir un logement autonome (chez les Bampeta, momentanément). Le local libéré par le couple sert de magasin et dépôt de tous les biens de la structure.

Le matériel

Grâce à Save The Children, la maison Jeanne-Thérèse a maintenant 22 lits pour les enfants répartis dans deux dortoirs. L’un est pour les filles et l’autre plus grand est pour les garçons. Tous les lits ont des mousses convenables et des draps de lits.

La maison a été repeinte et le carrelage abimé refait. Le mur détruit a été aussi reconstruit. Le portail ferme aujourd’hui correctement.

La question de l’espace reste cruciale :
–       Il manque des bureaux administratifs (avec du mobilier adéquat)
–       Le bloc sanitaire doit être complètement repensé,
–       Il manque une pièce pour le vestiaire des enfants,
–       Il manque des pièces de travail : entretiens psychologiques, consultations de l’infirmière…
–       Le coin cuisine doit continuer d’être réaménagé pour plus de fonctionnalité.

Sur la question du matériel, n’oublions pas de préciser que la voiture est toujours en attente d’être remise en état. Par ailleurs, l’appareil de photo ne fonctionne plus. D’où, difficulté de prendre des photos pour les différents partenaires qui nous en demandent.
(N.B. : depuis un nouvel appareil photo a été acheté par JOS Paris et envoyé sur place)

Partenariat

La présence des responsables initiateurs du projet Jeunes au Soleil à Kinshasa depuis une année, donne un nouveau souffle à l’ensemble des activités. Aujourd’hui JOS est repéré dans le secteur de la protection de l’enfant comme une association dynamique qui œuvre sur le terrain des enfants en difficultés.

Nous pouvons citer ici de nombreux partenaires et collaborateurs au niveau local qu’ils soient nationaux ou internationaux :
–       La Division Urbaine des Affaires Sociales (DUAS)
–       La Division Sociale de la Protection de l’Enfant (DISPE)
–       Le REEJER et ses membres
–       Le Tribunal pour Enfants
–       L’Unité de Gestion du Projet « Enfants dits de la Rue » (UGP-EDR), financé par la Banque Mondiale
–       Save The Children
–       Misereor
–       World Child
–       L’Ambassade de France
–       Secrétariat Social de la ville de Marseille
–       Paroisses françaises
–       …

Le réseau s’étend progressivement c’est pourquoi JOS exige un travail éducatif de qualité auprès de l’équipe éducative.

Les difficultés

Trois difficultés majeures sont à signaler :
–       Incertitude des financements
–       Hébergement dans les mêmes locaux des filles et garçons
–       Espace à réaménager pour l’agrandir

Principales activités du trimestre à venir :
–       Continuer la prise en charge et les réunifications des enfants de la Maison Jeanne-Thérèse et de ceux des sites,
–       Continuer de constituer tout un réseau de partenaires et donateurs,
–       Finaliser un partenariat en lieu et place de celui de Save The Children,
–       Entreprendre des démarches administratives pour obtenir d’autres documents relatifs à l’association et la parcelle (cf. note circonstanciée de septembre 2014)

Les finances :
JOS Kinshasa a sollicité JOS Paris pour une allocation supplémentaire afin de régulariser un certain nombre de documents administratifs. Il lui a été accordé 1500 dollars qui s’ajoutent au budget initial.

Fait à Kinshasa le 30 septembre 2014.

Richard BAMPETA

Président

Assemblée générale 2014

L’Assemblée Générale aura lieu cette année le 5 décembre 2014 à partir de 20h30 dans les locaux de la paroisse de St Leu la forêt, plus précisément au Centre St Gilles, place St Jean-Paul II à côté de l’église et en direct de Kinshasa.

Eglise de St Leu la forêt      JT Kin

Nous vous y attendons nombreux pour soutenir ce beau projet.

Les équipes de JOS Paris et JOS Kinshasa.

Voyage de Valérie et Pierre à Kinshasa mai 2014

Voilà plusieurs années qu’avec Valérie nous souhaitions nous rendre à Kinshasa, pour voir la maison Jeanne Thérèse, qui fonctionne depuis maintenant six ans. Mais, les années précédentes, Richard BAMPETA nous avait demandé d’annuler notre venue du fait d’une trop grande insécurité.
En mai 2014 tout va bien, nous pouvons décoller pour une semaine de visite et de rencontres.
Notre but était double :
–          Nous rendre compte sur place des réalisations et du fonctionnement, en rencontrant les différents intervenants et contacts locaux
–          Pouvoir échanger directement avec Richard et Marie-Ange BAMPETA, sur les nouvelles orientations prises lors du passage en « milieu fermé » tout en créant des points d’écoutes en « milieu ouvert », et en renforçant «  les enquêtes » pour l’ensemble des jeunes (milieu ouvert et fermé )

Même si nous avions déjà beaucoup voyagé et pas toujours dans des conditions aseptisées (trekkings avec nuits chez l’habitant dans des endroits particulièrement reculés …)
l’immersion dans la vie quotidienne de la mégapole de Kinshasa reste des plus surprenantes.

C’est un pays jeune, un pays qui bouge, un pays qui grouille jour et nuit, mais qui peine à sortir de ses difficultés malgré un nombre important d’atouts ; il faut se dire, que loin du centre-ville et de ses buildings climatisés, l’urbanisation semble anarchique (mais comment faire autrement dans une mégapole de plus de 8 millions d’habitants qui pousse encore tous les jours)
Peu de routes goudronnées, les rues latérales sont en terre-battue, sans système d’évacuation et de tout-à-l’égout, il y a bien l’eau courante mais qui parfois s’arrête de fonctionner, l’électricité est beaucoup plus aléatoire et vous êtes contents quand elle fonctionne quelques heures un jour sur deux…
Cela implique dans votre quotidien que vous ne pouvez avoir de réfrigérateur pour conserver les aliments périssables, malgré une chaleur parfois accablante ; que pour pallier aux coupures de courant si vous avez les moyens , vous pouvez mettre en route un groupe électrogène, mais cela fait beaucoup de bruit et de fumée …
En bref on oublie vite notre confort quotidien de la France

Le première jour, Richard B , nous emmène  visiter une grosse association la Fondation Pédiatrique à Kimbondo, à la sortie de la ville (soit une heure de transport en voiture… ) Cette fondation constituée par une femme médecin italienne a, en quarante ans, monté un hôpital  avec différents services et un orphelinat  accueillant  en tout 450 enfants :   avec école, atelier de menuiserie et différentes maisons d’hébergement suivant les âges. Il existe aussi une section particulière pour enfants handicapés physiques et mentaux ainsi qu’une néonatologie pour prématurés. Le tout bien tenu, une vraie réussite. !!! Mais là aussi, comme ailleurs, il faut toujours savoir se réorganiser, et s’adapter ou redéfinir certains des objectifs, …

Et là, le REEJER (Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue :   http://reejer.org) est force de proposition et d’expertise et c’est dans ce cadre que Richard B intervenait dans le cadre d’une mission ponctuelle.
Nous notons tout de suite que c’est une chance aussi pour nous qu’ il puisse nouer des contacts mais aussi  avoir un certain recul sur l’évolution de ce type de très belle réalisation …

Le soir discussion à la maison rapide avec le secrétaire de JOS Kin : rapide car dans le noir (le courant venait une fois de plus de  s’arrêter) et des trombes d’eau s’abattaient sur la maison des BAMPETA où nous étions réunies, on se reverra samedi plus longuement.

En fin de soirée, une fois l’orage apaisé, longue discussion à la bougie, avec Richard B ; qui nous permets de mieux comprendre les modes de fonctionnements et habitudes du pays ; parfois éloignés des nôtres
Il nous expose, qu’il faut créer une équipe de passionnés, une équipe qui pour le long terme pourra se renouveler et garder les liens avec la France et le diocèse de Kinshasa, tout en créant sa propre synergie.

Cela après la mise en place du milieu fermé dans la maison, allait être une de leurs principales missions. Après avoir été reconnu, pour la qualité du travail et de l’organisation, il conviendra aussi de créer un lien avec la communauté civile et internationale, seule capable par la suite d’apporter une source locale de financement
Le lendemain, départ à pied vers la maison Jeanne Thérèse, à 15 minutes de leur maison.
A l’arrivée, l’accueil est plutôt sérieux, et en même temps touchant : Un vieux professeur, un « papa », fait ses cours avec une autorité naturelle.   Une chanson gaie et quelques extraits de scénettes  simples auxquelles nous sommes conviées à participer,  permettant de mieux briser la glace et d’ exprimer des sentiments.

Nous assistons ensuite à la réunion hebdomadaire  des éducateurs de la maison. Marie Ange B , en directrice avertie, avec douceur et fermeté, laisse chacun s’exprimer, favorise l’échange entre le scolaire (le vieux professeur) la vie de tous les jours (le responsable de la maison Alphonse, qui vit et dors sur place avec sa femme) et les projets d’apprentissages , mais aussi de réinsertion ou de retour dans les familles  (éducateur responsable des enquêtes)

Chacun dans son rôle ou sa fonction doit suivre des règles et des principes rappelés par Marie Ange.

Pour notre part, nous insistons tout comme M.A sur la nécessité de comptes rendus réguliers et écrits.

Nous constatons, que chaque intervenant est soucieux de donner sa chance à chaque enfant, tout en étant lucide sur les difficultés restant encore à surmonter.

 

Le cas d’un enfant, est évoqué, lors de la réunion et le hasard fait qu’Alphonse est appelé à ce même moment par sa maman à plus de 1000 km de Kin, qui souhaite envisager un retour de son enfant. Cet enfant a plus ou moins été « enlevé »  ou « confié » on ne sait pas vraiment, nous savons simplement qu’il s’est retrouvé sur la marcher de Kin, que cela fait de nombreuses années 2 ou 3 ans et qu’il en a presque oublié sa langue d’origine. Il a dû surement être obligé de voler et s’intégrer dans une « bande » vivant avec les propres règles de « petits caïds » âgés souvent de 16 ans. Plusieurs enfants sont dans ce cas.

 

Là, commence un dialogue , avec la maman, qui doit prendre conscience des difficultés d’un tel retour (l’enfant ayant vécu dans un monde totalement différent, le retour dans une campagne reculée ne sera pas évident…) ; mais aussi avec l’enfant qui, très ému souhaite ardemment retrouver sa mère et sa famille  mais doit prendre le temps de réaliser ce qui va se passer ; Quand à l’équipe, elle décide de ne pas prendre le risque d’un retour immédiat, et d’attendre une meilleur maturation de ce retour, qui bien sûr, reste l’objectif.

À l’issue de cette réunion nous laissons Marie-Ange avec un représentant de « Save Children » qui avait décidé de monter un partenariat avec notre association. Il s’agit d’une réunion trop professionnelle et technique et nous laissons Marie-Ange pour aller rejoindre Alphonse
Il nous surprend en nous disant avec émotion qu’il peut enfin rencontrer d’autres personnes de l’association, mettre un visage sur des noms dont il entend parler depuis la création de la maison ; il nous dit avec un large sourire qu’à certains moments il pensait que nous étions des êtres virtuels… six ans sans se voir, sans mettre un réel visage c’est long surtout quand il faisait des nouvelles demandes à Richard et que celui-ci lui répondait qu’il devait  rendre compte à son conseil d’administration !!!
Nous avons été surpris par le calme qui règne dans la maison Jeanne-Thérèse
Alphonse nous a expliqué que depuis qu’ils étaient en milieu « fermé », les enfants se sentaient vraiment protégés. Cela leur permet de se dire qu’ils ont le temps de retrouver leurs repères, qu’ils ne sont plus des mendiants ou petits voleurs ou corvéables à merci pour une toute petite pièce.

Nous avons par la suite rencontré le père Paul qui avec l’église Don Bosco (qui se trouve à proximité de la maison) a ouvert en plus d’un grand ensemble scolaire, un centre d’apprentissage dont pourrait bénéficier quelques-uns des enfants de la maison Jeanne Thérèse, son soutien et sa gentillesse et ses encouragements font chaud au cœur.

Nous rencontrons encore une jeune française (croisée le premier jour à la fondation Kimboudo)  détachée par Caritas avec plein d’entrain. Nous comprenons mieux les difficultés sur place de faire coexister des organisations parfois si diverses, mais aussi le ressenti de ces personnes : la joie de réaliser des choses importantes mais aussi la déception des échecs, et les petits coups de nostalgie du pays.
S’occuper d’enfants en difficulté reste lourd  que l’on soit à Paris ou à Kinshasa ; en effet les enfants ont eu leur histoire difficile et parfois un tempérament compliqué à maîtriser ; il faut sans cesse trouver des moyens pour leur faire confiance tout en les obligeant à se structurer.
Le jour suivant, nous avons assisté à la réunion des animateurs tournés vers l’extérieur :
deux animateurs sont en charge de point d’écoute sur le marché et font le lien avec le milieu ouvert

Ils revoient certains jeunes qui ont résidé plusieurs mois dans notre maison mais qui n’ont pas voulu être pensionnaires et accepter les règles plus strictes du milieu fermé avec obligation de formation, ainsi que de nouveaux enfants de la rue qui vivent  autour du marché de Massina.

L’important pour ces  éducateurs est de créer un point d’écoute bienveillante; le temps, la régularité et la qualité d’écoute est un des facteurs de réussite. Les enfants savent d’eux même très vite que la maison Jeanne Thérèse existe.
Une fois ce contact établi, il peut dès ce stade être  organisé des enquêtes pour permettre d’envisager une vraie intégration ; d’où la présence à cette réunion de Joachim qui dès ce stade peut dans certains cas commencer ses enquêtes.
Nous parlons à la suite lors de cette réunion plus longuement avec Joachim qui est le responsable des enquêtes dans les familles. Nous allions enfin comprendre ce dont Marie-Ange nous parle depuis de nombreuses années et qui n’avait pas pu être développé, dans un premier temps, faute de moyen.
Tout le travail consiste à mettre en œuvre les possibilités d’un retour de l’enfant dans sa famille.

Travail, long, nécessitant d’importants transport (et les déplacements sont coûteux …), une bonne psychologie, une vraie autorité… bref pas facile.
Une fois la famille retrouvée, le but n’est pas un retour en famille au plus vite, et systématique.

Il faut d’abord comprendre, parler plusieurs fois, se rencontrer, d’abord sans l’enfant ;

puis parfois avec l’enfant qui revient à la maison J T. En tout état de cause ceci doit être préparé si l’on veut que la réunification soit sincère et durable tant pour la famille que pour l’enfant.

Il faut se dire que les situations sont particulièrement variées

Les enfants peuvent être orphelins, maltraités ou qualifiés d’enfants sorciers, abandonnés du fait de la misère, ayant fugué par tempérament , envoyés par leur famille au loin, pensant pour son bien qu’il serait mieux à la ville, puis rejetés par celle-ci, famille recomposée avec maltraitance du beau-père …

Ces enfants de la rue ont, soit depuis quelques mois, soit parfois depuis plusieurs années vécus dans ce monde difficile  et marginal où les repères familiaux ont disparu ou laissé de très mauvais souvenirs.
Les cas peuvent être considérés comme semblables avec les cas difficiles en France mais il convient d’y ajouter les difficultés liées à la misère et à la complexité du transport et de la communication.

Le travail de Joachim est de prendre contact avec la famille et d’engager un dialogue avec l’enfant pour voir si les conditions d’une reprise durable de la vie commune peuvent être réunies. Une difficulté apparait régulièrement : la famille qui avait laissé l’enfant partir voit dans son retour une source de revenus complémentaires si JOS pourvoit aux besoins de l’enfant.

C’est pourquoi nous avons comme principe qu’il faut obligatoirement que la famille participe à ce retour ; JOS offre une aide supplémentaire mais ne peut et ne doit en aucun cas remplacer l’entraide familiale ; nous pouvons offrir la scolarisation ou l’apprentissage mais nous ne prendrons pas dans ce cas en charge la nourriture.
Il convient alors d’expliquer que la formation réalisée, l’enfant sera plus stable, et pourra être une source de revenus pour la famille complémentaire, voir importante.

Lors d’une seconde visite au siège du REEJER nous avons rencontré son responsable : Mafou
Cet homme plein de sagesse et de bonté a réussi avec le temps à fédérer les associations s’occupant des enfants défavorisés à Kinshasa. Fort d’une véritable expertise, il met en œuvre une politique d’assistance aux différentes associations, il organise des rencontres et échanges entre celles-ci permettant à toutes une meilleure prise en charge de leurs difficultés et permettant aussi à certaines de pouvoir mieux organiser leur fonctionnement.
Il est à noter que Marie-Ange BAMPETA  est employée par le REEJER à mi-temps du fait de ses connaissances : cela est une grande chance pour notre association car en plus de la reconnaissance du professionnalisme des BAMPETA, cela nous permet une prise de contact avec de nombreuses autres associations et nous permet à titre individuel de mieux appréhender l’évolution probable ou possible de nos  actions présentes ou futures.

L’avant dernier jour nous sommes allés avec Joachim sur le terrain pour suivre avec lui deux enquêtes en présences des enfants (le premier très jeune qui est rentré dès la visite finie à la maison J T ; le second était déjà revenu chez ses tantes et nous allions «  négocier son apprentissage dans un garage  avec son futur patron et sa famille.

 

Nous avons pu vivre les difficultés de transport à 20 dans une fourgonnette surchauffée, nous nous sommes introduits dans des quartiers plus délicats encore, loin des artères centrales puis par la suite dans la banlieue de Kinshasa plus agricole.

Cette rencontre avec l’environnement familial des enfants de la rue a été riche en émotions.

Joachim avait jugé qu’il serait bénéfique, tant pour nous que pour les enfants, que pour leur famille que nous nous rencontrions même d’une manière un peu sommaire.
Et nous avons dû, nous aussi, expliquer que nous ne voulions pas tout prendre en charge mais que  nous étions  ensembles pour partager les efforts pour trouver des solutions ;   que notre budget n’était pas sans limite et que si nous aidions trop un enfant il y en aurait d’autres qui ne pourraient pas être aidés ; que l’avenir pourrait être meilleur que le passé ; mais il est vrai que la notion de temps et de lendemain n’est pas du tout la même en France qu’à Kinshasa:  parler d’avenir à des personnes qui ne sont pas sûrs de pouvoir manger le soir-même est toujours difficile.

Le soir, nous avons rencontré les membres du conseil d’administration de JOS Kinshasa

La démarche de Richard est selon nous la bonne : ne pas se précipiter ; il souhaite prendre le temps, de définir les objectifs et mode de fonctionnement et trouver un noyau stable et durable permettant par la suite à l’association de se développer localement ( cela me rappelait nos premières réunions il a 7 ans où nous disions à Saint Leu ; ne rien lancer tant que l’on ne se connait pas que l’on ne se comprend pas et que les lignes ne sont pas tracées…)
Là aussi quelle ne fut pas notre surprise de voir leur étonnement d’enfin rencontrer des personnes dont ils avaient entendu parler depuis si longtemps.
Ils nous disaient à peu près ceci : « nous pensions que Pierre Beauchais était un mythe tout comme Pierre Charron et Thierry Robin ; en effet depuis des années Richard nous dit que c’est eux à Paris qui donnent le feu vert ou refusent les projets ou les budgets.
Et quand Richard leur disait qu’il devait rendre compte au conseil d’administration, ils pensaient parfois que c’était un conseil fantôme !

Nous sommes passés régulièrement à la maison Jeanne Thérèse et à l’improviste tout comme le fait Richard très régulièrement.
Nous pensions qu’il était important que les enfants aussi mettent un visage sur ceux qui les aident de si loin. Nous avions conscience de représenter tous les donateurs et tous ceux qui aident régulièrement ou ponctuellement JOS par leurs dons et leurs encouragements
En quelque sorte nous avions le beau rôle.
Mais nous leur avons dit à eux comme aux éducateurs que nous n’étions pas l’État français avec des moyens sans limite ni Nicolas Sarkozy ni François Hollande mais de simples français qui étaient touchés par leur situation de détresse.

Le dernier jour, les enfants de la maison et ceux en contact avec les points d’écoutes (marché) ont organisé pour notre départ une petite fête
Une fois de plus le théâtre était un mode d’expression de leur souffrance et de leur volonté d’en sortir (la pièce a été écrite par Richard).
Car même si tout semble calme et joyeux à l’intérieur de la maison nous savons tous et eux surtout que le monde duquel ils tentent de sortir peut être source de grandes souffrances psychiques ou affectives  et où la violence  et le découragement peuvent vous enfermer dans une spirale de haine et de souffrance.

Après une belle photo de groupe et un moment conviviale, nous devons nous sauver, déjà…
Nous devons reprendre notre avion et retrouver notre banlieue parisienne, nous allons entendre de nouveau parler des difficultés des pays riches à surmonter la crise mondiale, de la grogne sur les augmentations d’impôts et du moral en berne de la majorité des Français.
Évidemment nous resterons sensibles aux difficultés des plus pauvres de notre pays et nous comprenons les interrogations de certains qui peuvent se dire à quoi bon aider à Kinshasa des il enfants serait plus simple que leur pays et leurs familles les prennent en charge
Cependant nous sommes persuadés:

– que si nous aidons JOS Kinshasa à se mettre en place et à pérenniser ses actions, cette petite graine de moutarde que représente la maison jeune Thérèse dans l’immensité de la mégapole de Kinshasa peut être un des facteurs parmi d’autres de l’évolution positive d’une situation dramatique , et que nous pourrons développer de nouveaux projets
– qu’ il faudra que les mentalités et organisations locales évoluent mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un pays jeune en pleine mutation
– que nous sommes en 2014, l’Europe aussi a connu un exode rural et à l’époque nous n’étions pas encore à la mondialisation avec toute cette course à la consommation

Cette dimension d’amitié et d’entraide entre les peuples ainsi que la défense des plus petits et des plus fragiles est à l’origine de la création il y a plusieurs années de JOS Paris.
Nous pouvons être fiers de ce qui a été réalisé, mais nous pouvons aussi être abattus par tout ce qui reste à faire, qui ne sera jamais suffisant.

Alors nous nous sommes promis peut-être d’y revenir rapidement mais surtout de vous apporter ce petit témoignage
Témoignage qu’une chaîne de solidarités individuelles, accompagné de rencontres peut réaliser de belles choses.

Pierre et Valérie BEAUCHAIS

Contacts

L’association Jeunes au Soleil  œuvre pour  l’insertion des jeunes abandonnés du Congo. Elle a pour ambition de donner aux enfants abandonnés des pays en difficultés économique, principalement des pays en guerre, une assistance via des structures d’accueil, un accès à l’alphabétisation et l’insertion professionnelle.

Si vous souhaitez faire un don :
NOUVEAU,
Don par carte bancaire :
https://www.helloasso.com/associations/jeunes-au-soleil-jos/formulaires/1/

Vous pouvez aussi envoyer un chèque libellé à l’ordre de « Jeunes au soleil »
à l’adresse du siège social et nous indiquer si vous souhaitez un reçu fiscal.

Vous pouvez télécharger notre tract, ici : JOS tract AG 2017

Vous pouvez aussi faire un virement sur le compte :
30003 – 01652 – 00037262504 – 42
IBAN : FR76 3000 3016 5200 0372 6250 442
BIC-ADRESSE SWIFT : SOGEFRPP
Dans ce cas n’oubliez pas de préciser vos coordonnées exactes si vous souhaitez recevoir un reçu fiscal.

Pour le recevoir par courriel, merci de nous prévenir à l’adresse email de JOS Paris :
jeunesausoleil.paris@gmail.com

Nous œuvrons en partenariat avec le REEJER (Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue) et nous vous invitons à visiter leur site : http://reejer.org

Siège social :
13, rue du Professeur Curie
95320 St Leu la Forêt

Email :
à Kinshasa :
jeunesausoleil@yahoo.fr
à Paris : jeunesausoleil.paris@gmail.com

Vous pouvez aussi consulter la page Facebook de personnes qui nous soutiennent :
Aidons Jeunes au Soleil

preambule1

Rapport d’activités 2ème trimestre 2014

Au cours de ce deuxième trimestre 2014, l’association Jeunes au Soleil continue de s’organiser pour toujours mieux améliorer son action auprès des enfants de la rue de Kinshasa.

Le contexte économique et social du pays reste non favorable à la réduction du phénomène enfants de la rue. Le retour sur Kinshasa des « brigands » qui avaient immigré à Brazzaville insécurise beaucoup les plus jeunes enfants de la rue qui se cachent.

Le projet Jeunes au Soleil évolue et étant son réseau progressivement.

Les promoteurs du projet ont signé un contrat le 28 mai 2014, avec Save The Children ce qui leur permet de bénéficier d’un financement de la Banque Mondiale. Cela prend en charge l’alimentation, les frais de santé, un appui psychologique, des fournitures d’hygiène et quelques primes d’éducateurs.

Le passage en centre d’hébergement nécessite d’autres moyens matériels pour une meilleure prise en charge des enfants : amélioration des conditions d’hébergement (lits, mousses…) réfection et réhabilitation des différentes pièces de la structure.

Avec le nouveau financement, le nombre d’enfants s’accroit et les locaux deviennent inadaptés. Ils demanderaient d’être améliorés pour certains emplacements (cuisine) et d’être agrandit (sanitaire, lieu de rangement).

Les enfants :

Au 30 juin 2014, nous affichons :

–  Ce trimestre, 5 enfants ont été admis au centre (dont deux filles). Il y a donc 22 enfants hébergés à la Maison Jeanne-Thérèse de 6 à 17 ans dont :

  • 1 étudie au centre professionnel Dom Bosco à Masina
  • 1 étudie à l’Espace Masolo à Masina Sans Fil
  • 2 étudient à l’école primaire Saint Vincent de Paul à N’Djili
  • 18 sont en cours d’alphabétisation, remise à niveau à la Maison Jeanne Thérèse.

–       Chaque mois depuis avril, 8 à 9 enfants sont nouvellement contactés dans la rue.

–       5 enfants ont été réunifiés ce trimestre et une AGR (Activité Génératrice de Revenu) a été mise en place.

–       La formation professionnelle chez un artisan a été mise en place pour deux enfants réunifiés (mécanique et menuiserie).

Les enfants sont satisfaits des prestations qui leur sont offertes. Ils sont assidus aux cours d’alphabétisation mis en place au sein de la structure. Ils coopèrent facilement aux enquêtes programmées pour eux. Notre service d’enquête se met progressivement en place pour les enfants du milieu ouvert et fait aujourd’hui un bon travail.

Les enfants réunifiés sont aujourd’hui stables dans leurs familles. Certains ont connu des tensions, mais ils ont cherché l’éducateur chargé des enquêtes de la structure et les situations se sont apaisées. Un enfant a été réunifié dans sa famille à Kikwit. L’association est en pleine démarches administratives pour la réunification de deux enfants à Tshikapa. Tous les enfants de Jeunes au Soleil proviennent du secteur de Tshangu, la recherche des familles demande de se déplacer dans des directions lointaines et souvent très difficiles d’accès. S’il existe le taxi-moto s’est sans prix fixe et du coup la plupart des enquêtes sont onéreuses et demande davantage de temps que dans un autre secteur.

Deux enfants sont en maçonnerie au collège Don Bosco de Masina proche du centre, vu les faibles résultats, l’un d’eux a été orienté dans un autre centre pour une formation plus artistique (théâtre, musique et peinture). Pour cela, nous commençons une collaboration avec l’Espace Masolo, une autre association membre du REEJER qui forme les enfants de la rue, hébergés dans des centres. Deux autres enfants sont en primaire dans une école du quartier voisin, ils ont réussi leur année et passent dans la classe supérieure. Enfin, tous les autres enfants du centre ont commencé l’alphabétisation et la remise à niveau au sein de la structure avec un enseignant qui vient chaque matin à la Maison Jeanne-Thérèse. Il a fait des groupes de niveau avec les enfants, ces derniers sont tous motivés par cet apprentissage. Certains d’entre eux vont être orientés en septembre vers un centre de formation professionnelle.

L’équipe :

L’équipe de Jeunes au Soleil est aujourd’hui composée de neuf agents :

–       Une directrice,

–       Deux éducateurs-enquêteur,

–       Trois éducateurs sociaux attachés à la Maison Jeanne-Thérèse,

–       Un enseignant pour l’alphabétisation et la remise à niveau,

–       Deux éducateurs sociaux attachés au travail dans la rue : repérage et contact avec les enfants qui se trouvent sur les sites.

Le personnel de terrain ont dû s’adapter à leur nouvelle mission et ce trimestre a été leur temps d’adaptation.

Jeunes au Soleil a dû étoffer son équipe éducative pour répondre aux besoins d’accompagnement psychosocial des enfants dont le nombre croit et pour lesquels le partenaire Save The Children est exigeant quant à la qualité de prise en charge. Ce partenariat offre aussi des formations diverses pour l’ensemble de l’équipe : « communication non violente », « participation-recherche-action », « processus IDMRS (Identification-Documentation-Médiation-Réunification-Suivi) »…

La direction reste soucieuse pour un éducateur qui est en deçà du niveau requis. D’ores et déjà elle réfléchie comment l’orienter différemment.

La structure et son fonctionnement :

Fin avril 2014, nous avons eu la visite des agents du Ministère des Affaires Sociales dans le cadre des enquêtes initiées par gouvernement congolais sur la prise en charge des enfants de la rue à Kinshasa. Selon les enquêteurs, Jeunes au Soleil est parmi les structures qui font un bon travail dans le cadre de la protection de l’enfance. Cependant, quelques aspects sont à améliorer, notamment les sanitaires et la cuisine.

Le défi à venir est donc de repenser l’espace et de trouver des moyens de faire face à des changements indispensables au sein de la structure pour une meilleure prise en charge des enfants hébergés.

A la fin de ce deuxième trimestre, plusieurs travaux sont en attente de financement et important à faire :

–       Construire un magasin car le salon sert aujourd’hui de dépôt. Cela est dérangeant pour les enfants, les éducateurs et la vie de la maison (1500 dollars en attendant le grand projet de mise en étage),

–       La réparation de la voiture accidentée (1000 dollars).

–       Agrandissement et amélioration des sanitaires et de la cuisine, construction d’une salle polyvalente supplémentaire au dessus des sanitaires (9200 dollars)

Par ailleurs, la Maison Jeanne Thérèse a montée une pièce de théâtre avec les enfants sur la vie dans la rue « la mort de Jimmy » dans le cadre de la sensibilisation sur le phénomène enfants de la rue. Tous les enfants ont participé avec joie. Cette réalisation a permis de renforcer les liens existants entre les enfants eux-mêmes, mais aussi avec les éducateurs. Par ailleurs cette pièce permet aux enfants de travailler sur l’estime de soi et la manière de se présenter et de s’exprimer devant un public avec assurance, eux qui se croyaient en marge de la société.

Les finances :

Le budget de Jeunes au Soleil a été réaménagé au cours du trimestre avec l’arrivée du financement de la Banque Mondiale. Aujourd’hui il est réparti de la manière suivante :

–       40,73 % est assuré par le consortium

–       24,01 % est pris en charge par la Banque Mondiale

–       22,69 % est financé par Jeunes au Soleil Paris

–       12,57 % doit être pris en charge par Jeunes au Soleil Kinshasa sachant que Paris peut y participer en fonction de ces apports.

Nous sommes satisfaits de l’évolution du projet en faveur des enfants de la rue. On peut lire dans les yeux des enfants la joie et l’espérance créer par ce nouveau projet en leur faveur. Ils sont fiers de se considérer enfants d’une famille et refuse d’ores et déjà l’étiquète d’enfants de la rue.

Cependant, Jeunes au soleil doit faire des efforts pour améliorer les conditions de vie dans la Maison Jeanne Thérèse.

Fait à Kinshasa le 10 juillet 2014.

Richard BAMPETA, Président

Rapport d’activités 1er trimestre 2014

L’année 2014 est marquée pour l’association Jeunes au Soleil, par le début du projet financé par l’AFD par le biais d’un consortium (Fondation d’Auteuil, Secours Catholique, CCFD). Ce projet implique pour la structure Maison Jeanne-Thérèse de transformer son activité : passer du milieu ouvert au centre d’hébergement. Pour cela l’équipe a fait un grand travail de sélection des enfants qui seront pris en charge. En effet, dans le cadre du milieu ouvert, une trentaine d’enfants fréquentaient le centre, en y passant une nuit, quelques nuits ou encore toutes les nuits du mois. Pour ces derniers, la structure était déjà semi-ouverte. Chaque semaine, deux réunions avec l’équipe avaient lieues et une avec les enfants. Le premier critère était que les enfants indiquent les adresses de leur famille afin d’effectuer des enquêtes et les réunifier dans la mesure du possible. Les enfants qui ont refusé de donner leurs adresses, ne sont plus revenus au centre. Ceux qui étaient trop instables, incapables de respecter des règles et une vie en internat ont aussi quitté le centre d’eux-mêmes préférant une vie dans la rue sans contrainte. Ces derniers sont toujours en contact avec les éducateurs qui se rendent maintenant sur les sites et terrains repérés comme lieux d’occupation des enfants aux alentours de la Maison Jeanne-Thérèse.

La date qui marque le début du travail en centre d’hébergement est le 8 mars 2014.

Les enfants :

Au 31 mars 2014, nous affichons :

–       17 enfants hébergés à la Maison Jeanne-Thérèse de 10 à 16 ans dont :

  • 2 étudient au centre professionnel Dom Bosco à Masina
  • 2 étudient à l’école primaire Saint Vincent de Paul à N’Djili
  • 13 sont en cours d’alphabétisation, remise à niveau à la Maison Jeanne Thérèse.
  • 9 sont en contact avec leurs familles avec lesquelles un travail se fait.

–       9 enfants encadrés à partir du terrain et des sites

–       7 enfants réunifiés dont 6 appuyés par une AGR (Activité Génératrice de Revenu)

L’association Jeunes au Soleil souhaite accompagner ces enfants et jeunes sur leur chemin de croissance en vue de devenir des adultes responsables. Elle mettra l’accent sur le lien avec les familles quand celles-ci sont connues, sur la formation scolaire ou professionnelle et surtout sur le développement des valeurs humaines.

L’équipe :

L’équipe de Jeunes au Soleil est composée de six agents :
–       Une directrice,
–       Un éducateur-enquêteur,
–       Un éducateur social attaché à la Maison Jeanne-Thérèse,
–       Un enseignant pour l’alphabétisation et la remise à niveau,
–       Deux éducateurs sociaux attachés au travail dans la rue : repérage et contact avec les enfants qui se trouvent sur les sites.

Les missions de ces deux derniers n’ont commencé qu’au début du mois de mars. Ils doivent se familiariser par leurs nouvelles tâches, se faire connaitre et repérer par les autorités des sites. Petit-à-petit, ils observent et apprivoisent les enfants qu’ils rencontrent sur les marchés. L’objectif principal de leur présence sur le terrain est de repérer les nouveaux enfants dans la rue, les contacter, gagner leur confiance afin de les identifier et travailler une réunification la plus précoce possible. Le travail d’enquête et de médiation familiale, se fait ensuite en lien avec l’éducateur en charge des enquêtes.

L’enseignant est arrivé début mars pour donner aux enfants, du lundi au vendredi, des cours d’alphabétisation et de remise à niveau.

Seul un éducateur social n’est pas pris en charge par le Consortium pour sa rémunération. Il est payé par JOS-Paris.

La structure et son fonctionnement :

La Maison Jeanne-Thérèse est composée de deux chambres dortoirs, dans lesquels il faudrait encore aménager deux lits de trois places. Le nombre de mousses est insuffisant pour le nombre d’enfants. Pour conserver leurs biens, les enfants ont besoin d’un meuble de rangement avec au moins 20 cases.

La salle à manger ou grande salle contient trois grandes tables, des bancs, ainsi qu’un meuble avec la télévision.

Il y a un local pour le rangement des provisions.

Une pièce qui sert de bureau pour les éducateurs et enfin il existe une salle de réunion pour le personnel.

A l’extérieur se trouvent des sanitaires et une cuisine.

Les locaux sont propres, mais des travaux complémentaires d’aménagement seraient nécessaires.

Depuis le 8 mars, toute une logistique d’intendance s’est mise en place pour nourrir les enfants avec une bouillie le matin et un repas consistant en fin de journée. L’association cherche à développer des contacts pour alléger cette charge qui représente aujourd’hui la plus grosse ligne de son budget.

A ce jour, deux travaux d’urgence attendent un financement :
–       La réparation du mur d’entrée qui soutient le portail
–       La réparation de la voiture accidentée.

Les finances :

Le budget de Jeunes au Soleil est de 35 376 dollars pour l’année 2014 :
–       45,81 % est assuré par le consortium
–       19,93 % est financé par Jeunes au Soleil Paris
–       34,26 % doit être pris en charge par Jeunes au Soleil Kinshasa sachant que Paris peut y participer en fonction de ces apports.

Depuis octobre 2013, le conseil d’administration de Jeunes au Soleil Kinshasa se réunit régulièrement. Il a officiellement mis fin à l’idée de collaborer avec la communauté des Pères du Saint Esprit pour la gestion de la Maison Jeanne-Thérèse, car depuis plus d’une année aucun de leurs membres n’était disponible pour cette mission de coordination.

Fait à Kinshasa le 10 avril 2014.

Richard BAMPETA, Président

Synthèse du recensement des enfants de la rue de Kinshasa

synthese En collaboration avec REEJER  (Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue), Jeunes au Soleil à établit la synthèse du recensement des jeunes abandonnés vivant dans les rues de Kinshasa

1. Introduction générale 

L’histoire nous enseigne que dans toute société, qu’elle soit traditionnelle ou moderne, les communautés se sont toujours occupées de l’encadrement de leurs enfants dans le cadre de la socialisation consistant à aider les plus petits à s’adapter au mode de vie de la société.

Actuellement à Kinshasa, les parents éprouvent d’énormes difficultés pour donner des réponses satisfaisantes à cette préoccupation.

Ils se trouvent donc limités et désarmés face à la modicité des ressources nécessaires pouvant combler les besoins sociaux dans la prise en charge de leurs enfants. Les multiples contraintes et pressions sociales engendrent des blocages qui ne facilitent pas cette insertion. C’est donc là l’une des voies qui donnent naissance aux situations de marginalisation de certaines personnes.

D’où l’émergence des zones de marginalité où se développe le phénomène « enfants et jeunes de la rue » qui, de plus en plus, prend des allures insaisissables et inquiétantes au Congo en général et en particulier dans la ville de Kinshasa.

Si ce phénomène a des origines lointaines, la terminologie « enfant de la rue » est plutôt récente. En effet, c’est au milieu des années 1980 que le terme est apparu. En Afrique, ce terme a pris son sens au Forum d’Abidjan (Côte d’Ivoire), tenu du 25 Février au 2 Mars 1985, où plusieurs pays se sont retrouvés pour faire l’état des lieux de cette situation sociale qu’est la présence de plus en plus nombreuse des enfants dans les rues des villes africaines. Dès lors, tout enfant errant les rues et y habitant était appelé « enfant de la rue ».

synthese1

La monographie provinciale de la Ville de Kinshasa, élaborée dans le cadre du Document de Stratégie de Réduction de la Pauvreté DSRP (avril 2005), aborde ce problème et catégorise les personnes vivant dans la rue de la manière suivante:

–         Les enfants abandonnés ; 

–         Les enfants orphelins d’un ou deux parents ; 

–         Les enfants dits sorciers ; 

–         Les enfants déplacés de guerre et non accompagnés ; 

–        Les jeunes adultes «shegués» parmi lesquels figurent de nombreux voleurs ; 

–         Les enfants « shegués» issus des unions des jeunes adultes shegués. 

On estime à 25.000 le nombre des enfants de la rue dans la Ville de Kinshasa. La présence de ces enfants le long des grandes artères, sur les grandes places publiques devant les magasins, dans les marchés est mal vécue par la population qui paye quotidiennement les frais des comportements négatifs de ces derniers.

2. Contexte et justification    

Contexte

Kinshasa est une grande ville d’environ 7,5 millions d’habitants. La population est en majorité jeune et les enfants de moins de 18 ans représentent 58% des habitants de Kinshasa. Cependant, le dernier recensement de la population au niveau nationale remonte en 1984. Les indicateurs sur le niveau de la vie nationale souffrent d’un manque de statistique exhaustive, de donnée fiable qui doivent permettre une planification des interventions spécifiques dans plusieurs domaines.

Les enfants qui vivent et travaillent dans les rues de Kinshasa, sont dépourvus de l’accès aux services sociaux de base et de la protection de leurs parents.

Ces enfants constituent un phénomène relativement récent en RDC, comme dans nombreux pays d’Afrique subsaharienne. Les acteurs congolais et internationaux qui luttent pour la protection des enfants affirment qu’avant les années 1970, la RDC comptait peu d’enfants vivant en permanence dans la rue. Ceux qui vagabondaient ou avaient des problèmes avec la loi étaient blâmés et remis aux parents, ou, dans les cas les plus graves, étaient rapidement déférés aux instances compétentes notamment les Etablissements de Garde et d’Education des Enfants (EGEE) afin de préparer leur réinsertion familiale.

Au cours de ces vingt dernières années, de nombreux facteurs socio–économiques associés ont contribué à l’explosion du nombre d’Enfants de la Rue.

Ils vivent une situation précaire caractérisée notamment par l’insécurité et l’exclusion sociale totale. Ils ne jouissent pas de leurs droits, et par conséquent n’ont pas accès à l’éducation, aux soins de santé, à l’alimentation… Ils sont victimes de violence, tant les garçons que les filles, et sont confrontés au risque d’exploitation économique. Les bandits et les gangs usent et abusent de ces enfants. Les filles sont particulièrement exposées aux viols et aux agressions sexuelles.

Pire encore, ces enfants sont utilisés dans diverses combines et aussi comme appas dans des coups montés où ils reçoivent des butins. Afin de résoudre des problèmes de survie qui se posent durant leur vie dans la rue, ils se livrent à des vols, à des pillages ; d’autres travaillent loyalement pour gagner leur pain quotidien …

Justification  

Le phénomène « Enfant de la rue » représente un fléau réel et menace la Ville de Kinshasa. C’est ainsi qu’afin de mieux lutter contre sa recrudescence, il faut disposer des informations fiables à ce sujet. Etant donné que les indicateurs existants ne donnent pas satisfaction, il est d’une nécessité certaine d’organiser un recensement exhaustif des enfants vivant dans les rues de Kinshasa.

Les données statistiques issues de ce recensement permettront de répondre à plusieurs préoccupations des opérateurs sociaux, décideurs politiques, bailleurs de fonds… En effet, elles fourniront les informations précises sur la situation des enfants de la rue de la ville de Kinshasa ainsi que les moyens d’actions à mettre en œuvre pour la planification des interventions en leur faveur.

3.Objectifs

 

a. Objectif global  

Au bout de 60 jours, arriver à dénombrer les enfants de la rue, âgés de 0 à 18 ans, vivants et travaillant dans les rues de Kinshasa, en vue de faciliter le travail de planification stratégique de leur réinsertion familiale et/ou communautaire.

 

b. Objectifs spécifiques  

–     Arriver à identifier et renforcer les capacités des acteurs devant être impliqués dans le processus du dénombrement des enfants en rupture familiale, vivant et travaillant dans la rue ;

–     Arriver à identifier, avec les acteurs formés, les différents sites où vivent les enfants de la rue en vue d’établir la localisation géographique ou la cartographie des différents endroits où vivent les enfants en rupture familiale ;

–       Arriver à s’entretenir avec les enfants vivant dans les différents sites préalablement identifiés en vue de récolter les informations nécessaires qui feront l’objet de traitement, d’analyse et d’exploitation ;

–        Arriver à traiter, analyser et exploiter les informations reçues ; élaborer le rapport scientifique et présenter les résultats du dénombrement ;

–        Etablir les communes de provenance des Enfants de la Rue.

c. Résultats attendus

 

Les principaux résultats attendus sont :

–       Connaître le nombre et la catégorie des Enfants de la Rue à Kinshasa ;

–        Identifier les sites des Enfants de la Rue à Kinshasa;

–        Connaître le nombre des Enfants de la Rue qui ont rechuté ;

–        Sensibiliser les Enfants de la Rue aux IST/VIH Sida ;

–        Permettre l’accès pour les Enfants de la Rue aux services sociaux ;

–       Connaître le nombre de Filles de la Rue  qui sont mères.

Ces résultats pourront être mesurés à travers les indicateurs suivants :

–        Le nombre de sites à milieu ouvert,

–        Le nombre de centres d’hébergement,

–       La cartographie des sites identifiés.

Les indicateurs sur les enfants de la rue :

 

–      Nombre et pourcentage d’enfants vivant en milieu ouvert,

 –     Nombre et pourcentage d’enfants vivant en institutions (centres  d’hébergemennt),

–      Pourcentage des filles en rupture familiale,

–      Nombre et pourcentage d’enfants orphelins en rupture familiale,

–      Nombre d’enfants présentant des signes manifestes de malnutrition,

–      Nombre d’enfants sensibilisés sur les IST et VIH/SIDA et pourcentage de ceux ayant été dépistés volontairement,

–     Nombre d’enfants ayant rechutés après une réunification préalable,

–    Nombre d’enfants ayant déjà été appréhendés par la police ou les services de sécurités,

–    Nombre d’enfants ayant accès à la scolarisation,

–    Nombre d’enfants ayant accès à l’apprentissage professionnel,

–   Nombre d’enfants ayant accès aux soins de santé,

–    Nombre d’enfants désirant quitter la vie de la rue,

–   Nombre et pourcentage d’enfants ayant fréquenté une ou plusieurs fois une institution d’encadrement,

–   Nombre d’enfants nés et vivant dans la rue,

–   Nombre d’enfants de la rue étrangers,

–   Le taux de participation des enfants à la prise de décision qui les concernent.

4. Cadre institutionnel et présentation du REEJER  

La coordination des activités du recensement des enfants de la rue de la Ville Province de Kinshasa a été assurée par le Réseau des Educateurs des Enfants et Jeunes de la Rue, (REEJER), qui a bénéficié de l’appui financier et logistique de l’UNICEF.  

En effet, le REEJER est une plateforme des Organisations Non Gouvernementales (ONG) qui œuvrent pour l’accompagnement, la prévention, la protection, la promotion des droits de et la réinsertion socio-économique des enfants et jeunes de la rue.

Créé en 1998 par les Associations et Organisations Non Gouvernementales d’accompagnement des enfants et jeunes de la rue, le REEJER est né à l’issue d’un symposium international organisé par l’Œuvre de Reclassement et de Protection des Enfants de la Rue, (ORPER), de Kinshasa en partenariat avec AUTEUIL INTERNATIONAL basé en France.

 

 

Pour toute autre information, contactez :

la Coordination Générale du REEJER

Siège social : 1967 avenue de l’Enseignement

Quartier Lodja dans la Commune de Kasa-Vubu.

Email : reejer_cg@yahoo.fr

Téléphone : 0999946653

Le nombre croissant d’enfants de la rue et la dégradation progressive et inquiétante de l’environnement social, culturel, économique et politique d’une part, l’incapacité des structures d’encadrement existantes de faire face au phénomène Enfants et Jeunes de la Rue, enfants dits « sorciers » d’autre part, a motivé la création de ce réseau.

A ce phénomène s’ajoute actuellement celui d’encadrement des enfants associés aux groupes et forces armés.

Les différentes approches de lutte contre le phénomène

De nos jours, plusieurs personnes et institutions se sont investies pour la lutte contre ce phénomène et ont mis au point un certain nombre d’approches dans le but d’arriver à un résultat efficace dans ce travail.

1. L’approche répressive:

Cette approche a une dominance culpabilisante et punitive. Ici, on incombe toujours la faute à l’enfant de la rue. Toutes les formes de pressions sont importantes pour le décourager d’y demeurer : l’enrôler de force dans l’armé, le rapatrier, le tabasser etc.

Des actes inadmissibles ont été perpétrés, dans certains pays, contre ces enfants. On peut citer quelques exemples : (Fleur de poussière 1990, p. 172)

Au BRESIL : Selon Amnistie International, en 1989, 457 enfants et adolescents furent exécutés dans les villes brésiliennes de SAOPOLO, RIO de JANEIRO et RECIFE.
Au GUATEMALA : Selon le NEW YORK Times, la police a assassiné plus de quarante enfants dans les rues de la ville de GUATEMALA
Au ZAIRE : Certains Enfants de la Rue sont relégués dans le BAS-ZAÏRE dans la prison des mineurs de MADIMBA ou de MBETSHEKE en vue d’un « dressage ». Avec le temps, il a été associé au « dressage » un programme de formation pratique. 

Avantage :

– Elle renforce l’autorité de l’Etat et de l’animateur. Elle maintien apparemment le phénomène à un certain seuil. Ainsi, elle apparaît comme préventive.

Limite :

– Elle crée un sentiment de frustration chez les enfants et les jeunes, et ne favorise pas l’établissement d’un climat de confiance entre l’animateur et l’enfant. Elle est peu éducative et ses effets sont éphémères. Aussi, elle ne peut pas enrayer le phénomène Enfant de la Rue.

2. L’approche caritative:

approche

Une première maison pour les enfants de la rue à Kinshasa

L’unique vrai moyen pour lutter contre la présence massive des jeunes dans la rue est la création de foyers pour mineurs.  En France nous avons la Fondation d’Auteuil, créée par Abbé ROUSSEL en 1866, qui compte près de 33 maisons et plus de 6000 jeunes hébergés. Partout, en Afrique comme ailleurs, il existe des projets mis en place par des Salésiens au profit des jeunes en situation difficile.

Avantages :

– Elle développe une relation de confiance et un certain rapprochement entre l’enfant et l’éducateur

– Elle satisfait les besoins immédiats de l’enfant et le sécurise.

– Chez l’éducateur, elle facilite le contact avec le jeune, suscite un sentiment de satisfaction intérieur et permet l’exercice de l’autorité.

Limites :

– L’approche caritative peut faire de l’enfant un éternel assisté en le maintenant dans un lien perpétuel de dépendance.

– Elle exige des moyens humains, matériels et financiers très importants

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3. L’approche participative :

Sur cette photo, les jeunes du quartier associent un enfant de la rue dans une pièce de théâtre qu’ils ont mis en place (projet financer par Jeunes au Soleil)

La philosophie à la base de cette approche est que tout être en difficulté est tout de même capable de contribuer à l’identification, à l’analyse et à la résolution de ses problèmes. D’où, la nécessité de le considérer comme partenaire et de l’impliquer dès le début, dans toute démarche visant l’amélioration de ces conditions de vie.

Avantages:

– Elle développe les relations de partenariat entre jeunes et éducateurs. En faisant de l’enfant le principal artisan de son développement,

– Elle favorise la prise de conscience chez l’enfant de sa responsabilité face à lui-même et à sa société.

– En encourageant les initiatives des jeunes, l’approche participative favorise leur autopromotion et facilite leur réinsertion sociale.

Cette approche est à la fois éducative et très économique pour la société.

Limite :

– Elle exige des animateurs professionnels, ce qui ne s’obtient pas facilement.